Publié le 27 novembre 2024
Blog Annika Kratzel – SARS-CoV-2
Les facteurs clés de l’infection par le SARS-CoV-2 peuvent servir de cible pour les médicaments
En général, lorsqu’un nouveau virus apparaît, il n’existe le plus souvent pas de médicaments ou de vaccins pour le combattre, ce qui était le cas au début de la pandémie de SARS-CoV‑2. Différents types de médicaments peuvent être développés pour lutter contre les virus. Certains agissent directement contre le virus : dans ce cas, un virus peut « échapper » au médicament en formant de nouveaux variants. D’autres médicaments permettent d’empêcher une infection en bloquant des mécanismes importants pour les virus dans la cellule humaine. Ma thèse de doctorat avait notamment pour objectif de mieux comprendre les infections par le SARS-CoV-2 dans les cellules afin d’identifier les mécanismes que les médicaments pourraient cibler.
Chez l’être humain, environ 20 000 facteurs entrent en jeu pour assurer le bon fonctionnement des cellules. Le SARS-CoV-2 « vole » le travail effectué en temps normal par certains de ces facteurs, ce qui entraîne une infection.
Les principales étapes de l’infection par le SARS-CoV-2, dans l’ordre chronologique :1. le virus pénètre dans la cellule,
2. le virus libère son information génétique dans la cellule,
3. l’information génétique du virus est répliquée,
4. production de nouveaux virus,
5. le virus quitte la cellule.Le défi était d’identifier lesquels de ces 20 000 facteurs jouaient un rôle décisif lors de l’infection par le SARS-CoV-2. Avec mes collègues du groupe Volker Thiel, nous avons utilisé une méthode particulière qui nous a permis d’identifier trois facteurs importants que les médicaments pourraient cibler afin de prévenir les infections par le SARS-CoV-2.
Nous avons utilisé ce que l’on appelle des « ciseaux génétiques » (CRISPR) pour découvrir quels étaient les facteurs indispensables à l’infection par le SARS-CoV-2 dans une cellule. Grâce à ces ciseaux, nous avons « découpé » chacun des 20 000 facteurs et découvert ainsi trois facteurs sans lesquels le SARS-CoV-2 ne peut pas se répliquer dans les cellules. L’une des difficultés a été de trouver un équilibre entre l’élimination du virus et la préservation des cellules afin qu’elles puissent continuer à bien fonctionner malgré la perte des facteurs.
Grâce aux ciseaux génétiques, nous avons identifié que les trois facteurs cellulaires TMEM41B, FKBP8 et MINAR1 jouent un rôle essentiel lors de l’infection par le SARS-CoV-2. Ces résultats ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du SARS-CoV-2 dans la cellule.
Ce travail est un bon exemple de la manière dont la recherche fondamentale et l’application en médecine peuvent se recouper. En identifiant TMEM41B, FKBP8 et MINAR1, nous avons, d’une part, mis en évidence des facteurs importants lors d’une infection par le SARS-CoV-2, ce qui nous a permis d’améliorer notre compréhension du virus. D’autre part, nous avons découvert des éléments que d’éventuels médicaments pourraient cibler pour lutter contre le COVID-19.
J’ai trouvé super que notre travail contribue à faire avancer la lutte contre la pandémie. J’ai trouvé particulièrement passionnant d’étudier l’évolution de la pandémie en laboratoire, plus ou moins en temps réel. J’ai non seulement pris conscience de tout le travail qui doit encore être accompli à partir des résultats de la recherche fondamentale pour aboutir à la production de médicaments ou de vaccins, mais je me suis également rendu compte de l’importance de la précision et de l’efficacité de notre travail.
Ce que j’ai préféré, c’est la collaboration avec de nombreux collègues formidables, qui m’ont beaucoup appris. Je me suis fait beaucoup d’amis pendant mon séjour à l’IVI. J’allais travailler tous les jours avec plaisir.
Après mon doctorat, j’aimerais continuer dans la recherche. Comme j’ai beaucoup aimé travailler à l’IVI et que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, je vais y rester pour le moment. Je vais me pencher sur d’autres coronavirus et d’autres techniques. L’objectif est d’arriver à visualiser et à suivre au microscope l’évolution du patrimoine génétique des coronavirus pendant un cycle de réplication dans la cellule. Je me réjouis beaucoup de ce nouveau projet.